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Swann’s Way, paragraph 36, part 2

It should be said the results of this way of viewing the art of gift giving weren’t always exactly brilliant. The idea I got of Venice based on a drawing by Titian with the lagoon supposedly in the background was certainly much less precise than what I’d have gotten from simple photographs. At home we’d lost count (especially when my great aunt wanted to file an “indictment” against my grandmother) of all the chairs she’d offered to young and old alike which, at the first attempt to use them, immediately collapsed under the weight of the sitter. But my grandmother would have thought it petty to worry about the solidity of a wooden chair that could still impart a floweret, a smile, sometimes a lovely fantasy of the past. Even the aspects of these items that met a need, but in a manner people were no longer accustomed to, charmed her like the old figures of speech where we find a metaphor, erased in our modern tongue by the wear and tear of habit. Now, actually, the country novels of George Sand that she gave me for my birthday were filled as well with antique furnishings, with expressions fallen into disuse and become again pictorial, sayings that can no longer be found except in the countryside. And my grandmother had preferred to buy these novels over others just as she would have favored renting property with a Gothic dovecote or some other old thing that exerts good influence upon the mind while bestowing the nostalgia of impossible time travel.

Il faut dire que les résultats de cette manière de comprendre l’art de faire un cadeau ne furent pas toujours très brillants. L’idée que je pris de Venise d’après un dessin du Titien qui est censé avoir pour fond la lagune, était certainement beaucoup moins exacte que celle que m’eussent donnée de simples photographies. On ne pouvait plus faire le compte à la maison, quand ma grand’tante voulait dresser un réquisitoire contre ma grand’mère, des fauteuils offerts par elle à de jeunes fiancés ou à de vieux époux, qui, à la première tentative qu’on avait faite pour s’en servir, s’étaient immédiatement effondrés sous le poids d’un des destinataires. Mais ma grand’mère aurait cru mesquin de trop s’occuper de la solidité d’une boiserie où se distinguaient encore une fleurette, un sourire, quelquefois une belle imagination du passé. Même ce qui dans ces meubles répondait à un besoin, comme c’était d’une façon à laquelle nous ne sommes plus habitués, la charmait comme les vieilles manières de dire où nous voyons une métaphore, effacée, dans notre moderne langage, par l’usure de l’habitude. Or, justement, les romans champêtres de George Sand qu’elle me donnait pour ma fête, étaient pleins ainsi qu’un mobilier ancien, d’expressions tombées en désuétude et redevenues imagées, comme on n’en trouve plus qu’à la campagne. Et ma grand’mère les avait achetés de préférence à d’autres comme elle eût loué plus volontiers une propriété où il y aurait eu un pigeonnier gothique ou quelqu’une de ces vieilles choses qui exercent sur l’esprit une heureuse influence en lui donnant la nostalgie d’impossibles voyages dans le temps.