My fear was that Françoise, my aunt’s cook, who was charged with my care when I was at Combray, would refuse to deliver my note. I suspected that for her, to run an errand to my mother when guests were present would seem as impossible as for the usher in a theater to deliver a letter to an actor mid-scene. When it came to things “done” or “not done,” Françoise possessed an imperious, extensive, subtle code, unyielding over elusive or baseless distinctions (which made it seem like those ancient laws that—alongside brutal punishments like the massacre of suckling infants—prohibit with exaggerated delicacy boiling a young goat in its mother’s milk, or eating the tendon from an animal’s thigh). This code, judging by her sudden stubbornness in refusing certain tasks we gave her, seemed to forecast social complexities and worldly refinements of the sort that nothing in her surroundings nor in her life as a village domestic would have suggested; and you’d be obliged to tell yourself that within Françoise an ancient French past lived on, noble and poorly understood, the way that in some industrial cities old mansions bear witness that once there’d been a courtly life, and laborers in a chemical-products factory work amid delicate sculptures depicting the miracle of Saint Theophilus or the four sons of Aymon. In this particular instance, the article of her code that made it quite unlikely that except in case of fire Françoise would bother Maman in the presence of Monsieur Swann, on behalf of a person as small as myself, simply pointed to her respect, not only for parents—same as for the dead, for priests, and for kings—but also for guests to whom one extends hospitality, respect I might have found touching if I’d read of it in a book but that would always irritate me coming from her mouth, due to the serious and tender tone she’d take to speak of it, especially this evening when the sacred character she conferred upon dinner meant she’d likely refuse to disturb the ceremony. But to improve the odds on my side, I didn’t hesitate to lie and tell her it wasn’t me at all who’d wanted to write to Maman, it was Maman who, when we parted, had ordered me not to forget to send an answer about an object she’d asked me to search for; and she’d certainly be quite angry if she didn’t receive this note. I don’t think Françoise believed me, because, like primitive men whose senses were more powerful than ours, she’d immediately detect, from signs that eluded us, every truth we wanted to hide from her; for five minutes she looked at my envelope, as if by examining the paper and the angle of the writing she’d divine the nature of the contents or determine what article of her code she should refer to. Then she left with an air of resignation that seemed to say: “Isn’t it a shame for the parents to have a child like this!” She returned after a while to tell me they’d only just gotten to “the ices,” that it would be impossible for the butler to deliver the note right now in front of everyone, but when they were having a rince-bouche he could find a moment to pass it to Maman. Immediately my anxiety dropped; now things were not as they’d been, I’d no longer left my mother until tomorrow, since my little note was going to her, to annoy her, no doubt (and doubly so because this ploy would make me look ridiculous to Swann), but it would at least put me, invisible and elated, in the same room as her, in the form of a whisper in her ear; and since this forbidden, hostile dining room, where a moment ago the dessert itself—the granita—and the rince-bouche seemed to conceal malevolent and morbidly sad pleasures because Maman was tasting them far away from me, opened up and, like a fruit that had turned sweet and broken through its skin, was about to burst wide, to project to my intoxicated heart the attention of Maman as she read my words. Now we were no longer separated; the barriers had fallen, a delicious thread connected us. And that wasn’t all: Maman would surely come upstairs!
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Mon effroi était que Françoise, la cuisinière de ma tante qui était chargée de s’occuper de moi quand j’étais à Combray, refusât de porter mon mot. Je me doutais que pour elle, faire une commission à ma mère quand il y avait du monde lui paraîtrait aussi impossible que pour le portier d’un théâtre de remettre une lettre à un acteur pendant qu’il est en scène. Elle possédait à l’égard des choses qui peuvent ou ne peuvent pas se faire un code impérieux, abondant, subtil et intransigeant sur des distinctions insaisissables ou oiseuses (ce qui lui donnait l’apparence de ces lois antiques qui, à côté de prescriptions féroces comme de massacrer les enfants à la mamelle, défendent avec une délicatesse exagérée de faire bouillir le chevreau dans le lait de sa mère, ou de manger dans un animal le nerf de la cuisse). Ce code, si l’on en jugeait par l’entêtement soudain qu’elle mettait à ne pas vouloir faire certaines commissions que nous lui donnions, semblait avoir prévu des complexités sociales et des raffinements mondains tels que rien dans l’entourage de Françoise et dans sa vie de domestique de village n’avait pu les lui suggérer; et l’on était obligé de se dire qu’il y avait en elle un passé français très ancien, noble et mal compris, comme dans ces cités manufacturières où de vieux hôtels témoignent qu’il y eut jadis une vie de cour, et où les ouvriers d’une usine de produits chimiques travaillent au milieu de délicates sculptures qui représentent le miracle de saint Théophile ou les quatre fils Aymon. Dans le cas particulier, l’article du code à cause duquel il était peu probable que sauf le cas d’incendie Françoise allât déranger maman en présence de M. Swann pour un aussi petit personnage que moi, exprimait simplement le respect qu’elle professait non seulement pour les parents,—comme pour les morts, les prêtres et les rois,—mais encore pour l’étranger à qui on donne l’hospitalité, respect qui m’aurait peut-être touché dans un livre mais qui m’irritait toujours dans sa bouche, à cause du ton grave et attendri qu’elle prenait pour en parler, et davantage ce soir où le caractère sacré qu’elle conférait au dîner avait pour effet qu’elle refuserait d’en troubler la cérémonie. Mais pour mettre une chance de mon côté, je n’hésitai pas à mentir et à lui dire que ce n’était pas du tout moi qui avais voulu écrire à maman, mais que c’était maman qui, en me quittant, m’avait recommandé de ne pas oublier de lui envoyer une réponse relativement à un objet qu’elle m’avait prié de chercher; et elle serait certainement très fâchée si on ne lui remettait pas ce mot. Je pense que Françoise ne me crut pas, car, comme les hommes primitifs dont les sens étaient plus puissants que les nôtres, elle discernait immédiatement, à des signes insaisissables pour nous, toute vérité que nous voulions lui cacher; elle regarda pendant cinq minutes l’enveloppe comme si l’examen du papier et l’aspect de l’écriture allaient la renseigner sur la nature du contenu ou lui apprendre à quel article de son code elle devait se référer. Puis elle sortit d’un air résigné qui semblait signifier: «C’est-il pas malheureux pour des parents d’avoir un enfant pareil!» Elle revint au bout d’un moment me dire qu’on n’en était encore qu’à la glace, qu’il était impossible au maître d’hôtel de remettre la lettre en ce moment devant tout le monde, mais que, quand on serait aux rince-bouche, on trouverait le moyen de la faire passer à maman. Aussitôt mon anxiété tomba; maintenant ce n’était plus comme tout à l’heure pour jusqu’à demain que j’avais quitté ma mère, puisque mon petit mot allait, la fâchant sans doute (et doublement parce que ce manège me rendrait ridicule aux yeux de Swann), me faire du moins entrer invisible et ravi dans la même pièce qu’elle, allait lui parler de moi à l’oreille; puisque cette salle à manger interdite, hostile, où, il y avait un instant encore, la glace elle-même—le «granité»—et les rince-bouche me semblaient recéler des plaisirs malfaisants et mortellement tristes parce que maman les goûtait loin de moi, s’ouvrait à moi et, comme un fruit devenu doux qui brise son enveloppe, allait faire jaillir, projeter jusqu’à mon cœur enivré l’attention de maman tandis qu’elle lirait mes lignes. Maintenant je n’étais plus séparé d’elle; les barrières étaient tombées, un fil délicieux nous réunissait. Et puis, ce n’était pas tout: maman allait sans doute venir!
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N o t e s
The miracle of Saint Theophilus. A thirteenth-century miracle play in which Theophilus makes a deal with the devil, and the Virgin Mary releases him from it.
Four sons of Aymon. A twelfth-century chanson de geste (“song of deeds,” an epic poem), about brothers who are given a magical horse.
“The ices.” The dessert is frozen. We learn it is granita.
Rince-bouche. (Literally “mouth rinse.”) A palate cleanser. Scott Moncrieff translated it as “fingerbowls,” and there is some basis for this interpretation. An 1876 book titled La cuisine française, by Antoine Gogué, describes the rince-bouche in detail:
Rinces-bouches consist of a glass and an opal-colored bowl. The glass is filled with warm water, typically made aromatic with a little essence of mint, anise, or angelica [wild celery]. We advise instead a slice of lemon floated on the water in each glass. The lemon, prepared this way, serves two functions: it imparts a good flavor to the water, and the diners may gently dip their fingertips into it.
Slava Ukraini.